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21 octobre 2008 2 21 /10 /octobre /2008 04:11
Ce combat-là, cette chose de s’acharner, cette lutte, cet entêtement délirant, cette obstination aveugle, impitoyable, cette agitation éreintante, la guerre, le massacre, pour si peu.

Pour rien.

Simplement sauver sa peau.

Je voudrais vous dire que vous perdez tout à tout vouloir.

Cette panique, cette terreur affolante.

Je ne sais pas s’il y a un seuil au-delà duquel la vitesse des battements du cœur est telle qu’il s’arrête.

Ce regard fou. Cette rage.

Pour rien.

Il faut vraiment croire qu’un vie, n’importe quelle vie, la vôtre donc, vaut la peine.

C’est au moment précis où vous croyez ça, où vous vous laissez croire ça, que vous arrêtez de vivre.

Pour rien.

Pour vivre.

Et sauver sa peau.

Je vais vous dire, aimer, si c’était quelque chose, ce serait le moment où vous ne sauvez plus rien. Où vous ne vous sauvez plus de rien.

Evidemment que vous ne savez pas ce que c’est.

Ce n’est pas grave.

Ce n’est rien.
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18 juillet 2008 5 18 /07 /juillet /2008 19:14
  Si vous voulez me faire croire à l’amour, je ne comprends pas pourquoi c’est si difficile pour vous de me montrer un exemple.

  Je n’ai pas de problème avec l’anarchie. Je ne suis pas du genre à avoir froid aux yeux.

  Je ne sais toujours pas si la propension que certaines personnes ont à me tirer dessus vient du fait que je suis censé être tellement fort que j’encaisse les coups, qu’elles me prennent pour leur père freudien, qu’elles sont sans pitié, pour les autres, pour elles ou qu'elles ont un désir masochiste d'aller là où ça rembarre.

  Je ne sais pas non plus combien de temps il leur faut pour voir qu’elles se battent toutes seules parce qu’il y a longtemps que je suis parti.

  Vous avez déjà vu un boxeur s’échauffer sans punching-ball, les poings serrés qui attaquent le vide, la haine du regard face à des fantômes, la folie totale, la même que celle de quelqu’un qui parle tout seul ?

  On peut dire que ces personnes, je les prends pour des folles. On peut dire ça. C’est ce qui fait que je suis déjà parti donc.

  Je ne vous expliquerai jamais ce que c’est le calme, parce que vous pouvez le lire dans mes yeux.

  Je ne vous apprendrai pas à lire non plus.

  Ce n’est pas dit que ça isole forcément, le genre de travail que j’entreprends.

  Ce n’est pas dit non plus que ça rende fou. Définissez la folie pour voir.

  Je fais sortir les diables des boîtes. Je ne me préoccupe pas de savoir s’ils ont le sourire aux lèvres.

  Je fais jaillir les trucs.

  Je fais sortir l’eau de la terre aussi. 

  Je boirai le sang des personnes qui pillent l’eau que j’ai trouvée.

  A ce moment précis, vous lirez la survie dans mes yeux.

  Vous pouvez aller vous faire foutre.
 
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8 juin 2008 7 08 /06 /juin /2008 00:29
  Il y a ce rire que je porte en moi. Quand je regarde les gens vivre et s’organiser. Ce rire imperceptible, qui s’étonne, se réjouit, éclate parfois, s’esquisse à peine souvent et déjà s’évanouit sur les lèvres.

  Vous ne me verrez pas disparaître.

  Il y a un moment où l’humanité, c’est un spectacle aussi.

  Vous ne me verrez pas disparaître, précisément parce que j’aurai déjà disparu.

  Je ne sais pas si c’est une fronde, ce rire, le grondement de mon insolence dans le monde.

  La disparition, évidemment, c’est le genre de choses qui ne se voient pas.

  Et puis aussi, sans doute que je trouve l’énergie dépensée par les gens complètement disproportionnée à l’importance de la tâche. Ca alors oui. Ca m’amuse tellement ça paraît fou.

  C’est à ça qu’on reconnaît la disparition d’ailleurs, à ce qu’on n’a rien vu.

  Il y a aussi toute cette inventivité, toutes ces idées qui ne me seraient jamais venues tellement je ne me serais même jamais préoccupé de certaines choses. Ca ça m’épate. Que certains problèmes se posent à des gens, qu’ils déploient des prouesses d’imagination pour y répondre, ça reste complètement exaltant. Ca alors, je n’en ai jamais assez tellement c’est savoureux.

  Ca m’arrive souvent de serrer les poings très forts et les mâchoires et de froncer les sourcils.

  Et que les gens résistent, là je crois que ça m’impressionne, que les gens fassent cette chose qu’ils croient qu’il faut faire de lutter, qu’ils se mettent dans un tel rapport de force avec la vie, qu’il s’épuisent et qu’ils tiennent. Là alors, je crois vraiment que c’est une force qui n’est pas du tout employée à bon escient, mais je comprends, ça me bouleverse même.

  C’est les fois où le monde autour n’a pas encore complètement disparu pour moi. C’est rare.

  On dirait que je parle des gens comme de fourmis là, comme si j’étais au zoo, je sais, je n’y peux rien, les gens me font rire. Peut-être qu’au fond, je n’arrive pas à les prendre au sérieux. Je crois que je n’y arrive même pas du tout.

  La plupart du temps, le monde autour n’existe plus, il ne ressemble plus à rien, il est englouti.

  Et je ris, mais alors j’éclate de rire. Je ne sais si je me moque, si je suis attendri. Ou si je suis complètement indifférent. Ou si je suis sage et que je n’ai plus peur de rien.
 
  Il n’y a plus que des gens qui s’organisent. Ca, ça ne peut pas disparaître encore.

  Bien sûr il m’arrive souvent de me faire rire aussi.
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9 avril 2008 3 09 /04 /avril /2008 02:30
  Je sais qu’il est des gens qui dorment en gardant les yeux grands ouverts. Evidemment je trouve ça monstrueux.

  Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise qui pourrait tenir dans une phrase, qui ne la déborderait pas de toutes façons de toutes parts ?

  Ecrire, c’est forcément mettre en échec l’impuissance fondamentale de la parole à rendre entièrement quelque chose.

  La parole vous glisse toujours des mains. L’écriture, ce n’est pas autre chose que ce glissement précis.

  Il se trouve que je suis virtuose de l’écriture. Il se trouve aussi que je l’oublie tout le temps, ce qui fait que, quand je m’en rends compte, ça m’étonne.

  Je n’ai jamais eu de problème avec l’arrogance, des autres, de moi. Sans doute parce que je sais que la question n’est pas là.

  « a fearless self-assurance that set him apart, and while it created respect, also limited the affections of others a little. » (Truman Capote In Cold Blood )

  Les gens qui vous font croire que vous n’êtes pas aimables sont ceux qui ne savent pas aimer. Par exemple ceux qui croient que vous n’avez jamais peur.

  Il est possible que j'ai toute ma vie un problème avec les limites.

  Je n’ai pas dit que je n’aimais pas les monstres. Définissez monstres pour voir ?

  Je suppose que s’épuiser, c’est ce truc que les gens font quand ils gaspillent leur force dans des combats imaginaires, c’est ça ? Alors c’est très bien d’être épuisé, c’est là que devient possible le plus important, le plus dur : ce qui ne se laisse pas forcer.

  L'idée, ce n'est pas d'atteindre ses limites, d'être encerclé, circonscrit, mais de s'en servir, de les prendre à bras le corps.

  Je sais aussi qu’il y a des gens qui vivent les yeux fermés. Je ne dirais pas qu'ils ont raison. Je ne dirais pas qu'ils ont tort. Je ne dirais rien. Ca ne tiendrait pas dans une phrase de toutes façons.
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19 mars 2008 3 19 /03 /mars /2008 04:45
  Il se trouve que non, mon écriture ici n’est pas barrée comme elle est vouée à l’être, barrée, c’est le mot qui est dit, quand on me dit : « ce que tu écris est complètement barré, ça m’amuse » ou « alors quand tu te mets à parler de mère Térésa dans ton article, jusque-là on suivait, mais là on se dit que tu es fou », etc. Barrée : qui est partie, qui « part en vrille », et puis rayée aussi, biffée, attaquée…
  Je ne veux pas avoir de savoir-faire, ni de compétences, je dérègle, je barre. Je le fais mon travail d’écriture, je l’ai repris par un autre bout. Ca donne un humain à la tâche, un humain qui se démène pour s’organiser. Qu’il rate, ça n’a plus aucune importance. Il se démène. Ce n’est pas possible de ne pas ressentir la tentative de krach que je mène simplement rien qu’avec l’écriture. Ce que je mets en jeu. Ce que j’effondre. La puissance que c’est.
  Je veux dire, les gens qui dansent en cercle en priant de leurs transes sudoripares leurs dieux, les gens qui partent dans leur délire solitaire vers nulle part, au milieu de l’agitation de l’océan ou sur l’âpreté féroce d’une montagne, d’un volcan, les gens qui fabriquent les armes qui détruiront un jour le monde, le feu nucléaire, le feu vaudou, le feu pyromane, le feu magmatique, aucun feu n’a ni la chaleur, ni l’incandescence, ni la puissance de celui que je tiens entre les mains quand j’écris.
  Et que je me décourage. Que la tâche me tue. Que je me brûle donc. Aussi dur que cela soit. C’est bien fait. C’est que je n’ai pas encore tout effondré.
  Je suppose qu’il y a intérêt à choisir son travail tant qu’on ne sait pas si ce qu’on travaille c’est l’objet ou soi-même.
  Je ne crois pas à la capacité libératrice du travail, ni à celle thérapeutique. Je crois à sa capacité d’aliénation. Je n’ai rien contre l’aliénation. Je veux simplement voir ce qu’il se passe quand on a pété tous les axiomes. Je suis très curieux, c’est tout. Et alors vraiment, mais vraiment je n’ai pas froid aux yeux.
  Il se trouve que non, je n’emmerde pas le monde ou les gens, parce que eh bien, avec toute la capacité que mon intérêt a à s’abattre sur les choses, le monde n’est pas pour autant toujours très intéressant. Ca ne veut pas dire que c’est déceptif. Simplement ce n’est pas très grave plutôt.
  La plupart des choses ne sont pas très graves. Désolé. Comment dire ça…
  La plupart des choses n’ont vraiment aucune autre importance que celle qu’on leur donne, il s’agit de savoir plutôt pourquoi on leur donne une telle importance par exemple.
   Laisser s’effondrer les choses, c’est aussi ne plus accorder aucune importance à rien. Et là, alors, le vacarme que tout ce déploiement frénétique d’énergie cherche à faire taire en le couvrant de son vacarme, par la foi, l’alcool, l’abrutissement, l’anesthésie, la mort, là il se trouve qu’il éclate.
  Il y a des bruits que l’on n’entend pas dans tout ce vacarme. Par exemple tout ce qui ne fait pas de bruit. Et ça ne veut pas dire que ce n’est pas assourdissant.
  Alors je ne vais pas tout expliquer depuis le début. Péter les axiomes du savoir-faire et des convenances, voir si la terre est plate, bousiller les idéaux, aller là où la société de l’homme n’a pas balisé, prendre le risque de tout perdre, de se perdre, ce n’est un risque que tant qu’il n’est pas pris, effondrer, etc. Et puis au fait que mon écriture soit barrée, partie, attaquée, c’est qu’elle se fait réfractaire, qu’elle se rétracte, qu’elle ne se comprend pas, qu’elle ne se laisse pas altérée, qu’elle ne se tient pas pour dite, qu’elle est inapplicable, qu’on ne peut rien en faire, qu’elle renvoie le lecteur à lui-même, qu’il se débrouille, qu’il ne peut pas s’appuyer dessus, la citer, la rendre décorative, en former un savoir/pouvoir, qu’elle est déréglée, qu’elle ne ressemble à rien, surtout qu’elle ne ressemble jamais à rien.
  Je m’arrête là. Il y a un certain nombre de choses que je n’aborderai pas maintenant.
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9 février 2008 6 09 /02 /février /2008 07:32
  Je ne sais pas ce que c’est réfléchir ou penser. Je sais ce que c’est qu’ébrécher, creuser, fouiller, labourer, dégager, extraire, effondrer.
  Je travaille la terre. Je travaille la terre avec mes mains. Avec mes membres, mes dents, mes muscles, ma peau, mes organes, mon intellect. Je ne suis pas du genre à avoir peur de m’en foutre partout. 

  Par exemple je suis vulnérable. Je ne sais pas exactement ce que ça veut dire. Je ne sais pas si ça veut quelque chose de toutes façons.

  Sensibiliser, c’est « rendre » une personne ou un organe ou autre sensible, attentif, perceptible, etc… être sensible, c’est un peu comme avoir le crâne bourré, bourré et saoul alors.

  Vulnérable, je suppose que ça veut dire que je suis au bord de la faillite, ou qu’au moins la faillite est possible, que, dans ce qu’il m’est possible, il y a faillir.

  De toutes façons, tous les mots avec « phil », c’est des perversions : zoophile, pédophile, nécrophile, philosophe…

  Je ne pense pas que ça puisse vouloir dire que je suis cassable, parce qu’il n’y a rien à casser. Je suis effondré. C’est déjà fait.
  Je suis indestructible, puisque je ne me construis pas.

  Je ne vois pas comment une personne qui se fait prendre peut ne pas être folle de voracité, vu qu’elle n’atteint pas souvent l’orgasme, à moins de prendre le pouvoir ou de faire des trucs très techniques, bref de ne pas du tout baiser comme les gens le font dans cette société.

  Je suppose que ça veut dire que je ne résiste pas à tout.

  L’inconscient n’existe pas, ce qu’il y a, c’est une merveilleuse force d’inertie, une immense incapacité à se laisser faire, à se sensibiliser, à endurer, à encaisser.

  Ca ne veut pas dire que je ne résiste à rien, par exemple, je résiste à résister à tout.

  Aujourd’hui, je me suis demandé si ce qui a été appelé « kinésiologie », puis « analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé », que je pourrais appeler « cinétique fonctionnaliste du corps » était autre chose que l’imposition d’un langage dans un corps « sensibilisé », avec tous les mécanismes d’un langage, prise de conscience, identification, liens et connections, rapports, structures, etc… et oui, ça n’a rien à voir avec un langage, c’est du dégagement de puissance en mouvement, sans but, ni sens, ni idées.

  La vulnérabilité, c’est ce truc dont on ne peut rien faire parce que, je ne sais pas, parce que ce n’est pas viable, parce que ce n’est pas solide, parce que, sans doute, c’est incapable et inapte.

 Je ne vois pas pourquoi quelque chose qui fait défaut ne pourrait pas être une qualité.

  Je sais qu’on se demande forcément d’où parle celui qui parle et à qui. C’est du rapport situationnel, c’est confondre locuteur et locataire. Je ne pense pas qu’on se demande d’où et à qui hurle celui qui hurle par ailleurs.

  J’imagine que je pourrais sauver le monde rien que pour ça, sa vulnérabilité, sa résistance incapable, sa force d’inertie inapte à machiner, ce qui est appelé son inconscient malade qui fait buter les systèmes. Je veux dire sauver à mes yeux, sauver le monde du dégoût à mes yeux. (Je suppose que c’est pareil qu’aimer.)
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5 janvier 2008 6 05 /01 /janvier /2008 03:52
Vous ne pouvez pas dire que vous n’aimez pas la vie, ça n’a pas de sens. Ca n’a pas de sens, la vie, et aussi de dire que vous ne l’aimez pas. Vous ne pouvez pas aimer ou non quelque chose qui n’a pas de sens, la question ne se pose pas. Je suppose que je pourrais dire ça de tout. Je suppose aussi que ça finirait par me faire dire que vous n’aimez rien ni personne. Je ne me rends pas compte si ce serait vrai, ni même si je serais d’accord.

Cette fois, je dis vous. On, les gens, il, je, c'est pareil, le sujet n'a aucune importance.

Par exemple, il y a des gens qui croient que c’est en prouvant qu’ils ont une bite qu’ils seront aimés. Une bite, ça peut être n’importe quoi, des muscles, de l’argent, une maîtresse, du savoir, un pouvoir, n’importe quoi qui se compte. Je ne sais pas comment font les gens qui n’ont pas de bite, j’imagine que ce sont eux qui se dévouent pour compter.

Dans le temps, je savais écrire, vous savez. Il se trouve que je vais toujours là où je ne sais pas, c’est tout.

Vous ne pouvez pas dire en lisant ce que j’écris que je crois que l’esprit dirige le corps. Je ne sais pas de quoi vous parlez. L’intellect, c’est un muscle, c’est entre nécessité et possibilité, c’est un outil qui se développe en réponse aux sollicitations. Ca fait que ça saisit les possibilités et que ça rend possible, que ça rend possible en saisissant les possibilités jusqu’à la possibilité de ne pas les saisir. Vous ressentez l’importance de la chose ? Ca fait aussi que ça trimballe toutes sortes de traumatismes. Vous croyez que l’esprit dirige le corps : vous en faites un truc inutilisable.

Je ne crois pas aux esprits de toutes façons.

Le problème, c’est que ça ne se pose pas en termes de bites ou d’être aimés. Alors, c’est forcément voué à l’échec. Avoir une bite ou être aimé, c’est du vent. Vous avez cette vie qui n’a pas de sens où vous n’existez pas, vous pouvez compter pour l’autre ou lui demander de compter pour vous, d’être important en faisant les comptes de ce que vous et l’autre n’avez pas et n’aurez jamais autrement qu’à le compter.

Je veux dire, je n'y crois pas du tout. Je dirais même qu'il faut déposséder le corps des esprits.

Je ne sais pas si vous mesurez à quel point ça compte que ce soit comptable, parce que c’est une vie entière qui repose sur cette condition : exister, être aimé, avoir une bite et croire aux esprits. Si ça se calcule, ça donne l’illusion que ça existe, que ça a un sens donc, vous sentez ça, la science, la logique, la métaphysique, ça permet de tenir toute une vie.

Je ne sais pas si c’est utile de préciser que je ne pense pas qu’ « avoir une bite » coïncide forcément avec l’organe. Vous savez que, dans certaines théories, le Phallus est le pivot entre imaginaire et symbolique de toutes façons.

Vous savez ce que les psys disent, que les « hommes » n’ont pas de bite, qu’ils sont des bites. Vous avez des gens qui se rendent comptables et d’autres qui comptent pour eux. Vous regardez dans cette société, c’est-à-dire pas dans une entité imaginaire, mais n’importe où autour de vous, cette histoire de calculs, ça s’appelle l’amour.

Vous voyez que ça ne peut pas se poser en termes de sens et d’amour. Ce que vous aimez là, ce sont vos calculs, c’est tout.

Je ne vous dis pas que vous ne savez pas aimer. Je ne vous dis pas non plus qu’il y a une façon d’aimer bonne et une autre mauvaise. Je vous dis que dans tout ça, pas à côté, pas à l’opposé, ni dans une alternative, ni dans une dualité, mais à travers tout ça, vous avez quelque chose de tellement plus simple, de tellement plus solide, de tellement plus fonctionnel, de tellement plus « réel », la puissance d’un corps qui traverse et fait voler en éclat les esprits, le sens, les calculs. Vous avez les images de l’esprit et dans tout ça, la réalité de jouissance du corps. Il faut voir ce que vous visez.

Non, et puis, je ne vous dis rien, vous en feriez encore un truc pour espérer. C’est incroyable cette capacité de rabattement à la fin, fabriquer et fixer des trucs, ne plus désirer que désirer, n’espérer qu’espérer et n’aimer qu’aimer. Ce que vous appelez « inconscient », c’est votre réalité qui ne se fait pas à ce court-circuitage de termes à termes, qui ne reposent sur rien, et surtout pas sur elle, qui tendent à s’en passer en l’annulant et la déchargeant et qui n’en finissent pas de se la trimballer quand même, qui tendent à s’en passer précisément parce qu’ils se la trimballent. Là, entre aimer et aimer aimer, cette force qui tient, qui met en échec tous les systèmes ne serait-ce qu’en ne se laissant pas annuler, cette charge qui résiste… si aimer la vie avait un sens, ce serait aller là, là où aimer la vie et avoir un sens n’ont aucune importance parce que ça ne fait pas le poids.

Vous avez déjà entendu parler de la confiance, non ?
 
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29 octobre 2007 1 29 /10 /octobre /2007 03:45
Il y a des gens dont l’écriture est posthume. Nietzsche, par exemple, c’est ce qu’il dit. Je ne sais pas si ça veut dire que quand ils écrivent ils sont déjà morts. Je plaisante. Je sais que non que ce n’est pas ça.

C’est quand même incroyable ce truc avec l’écriture, cet isolement colossal que ça génère. Qu’il faille se tenir si loin des gens pour leur parler, j’imagine que c’est une blague.

Je veux bien croire que ça a donné des idées d’intemporalité à certains, cet isolement, ça y ressemble tellement.

Vous n’avez pas compris. Si on va se mettre loin comme ça, ce n’est pas pour se mettre à l’abri, c’est pour pouvoir entendre le murmure des battements du cœur.

Il faut vraiment ne pas savoir du tout ce que c’est l’écriture, c’est tout sauf un abri, ça ne protège pas, mais alors…

Il y a un moment où les peurs et les réticences s’épuisent. Par exemple la peur de devenir fou, il y a un moment où ça ne fait plus rien.

Il y a des gens qui trouvent que je ne sais rien faire d’autre que ce que je suis en train de faire là avec cette écriture. Alors ils seront contents ces gens quand ils liront ça. Qu'ils aillent

D’ailleurs, c’est ça, cette chose d’aller toujours là où on ne sait pas faire, par exemple, ça forcément c’est un truc posthume. Je ne me rends pas compte si on se rend compte à quel point c’est radical. Si j’avais peur de devenir fou, c’est à ce moment-là que ça n’irait plus. Je souris là. Je ne sais pas pourquoi je ne ris pas, parce que…
 
Il faut se mettre à la place des gens des fois, ça sert à ça l’imagination, concevoir que quelqu’un vit quelque chose, parce qu’avant tout c’est une expérience de vie, c’est terriblement précieux.

Aller là où on ne sait pas faire, aussi ingrat et difficile que ce soit, c’est marrant de ne pas deviner que c’est aller par-delà des idéaux, là où ils tombent d’eux-mêmes parce qu’ils sont caducs. Un truc comme la liberté, ce serait à cet endroit précis, par exemple. Ca se vit. Encore une fois : c’est une expérience de vie. C’est une vie d’expérience. C’est très fort.

Si je devais dire quelque chose qui ne soit pas posthume par exemple, je dirais qu’il semble que l’écriture ne puisse trouver ses conséquences qu’une fois son auteur mort, que ça ne vient pas à l’idée des gens de lui en donner avant. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce qu’ils croient que ça ne leur appartient pas, pas encore. Je continue de penser que ce n’est pas le travail de celui qui écrit de donner des conséquences à son écriture. Les conséquences sont monnayables évidemment. L’écriture, non.

Je n’ai jamais écrit ce mot, monnayable, de toute ma vie, c’est très étrange d’écrire un mot pour la première fois.

Tiens, je suppose que c’est ça que ces gens aiment dans cette écriture, que je n’assigne pas de conséquences. Ils devraient pourtant savoir que je n’en assigne jamais, c’est un piège quand j’ai l’air de le faire. Cette fois je ris pour de bon.

Il me semble que cette sorte de calme, cette histoire qui rend possible la perception d’un murmure de battements de cœur, ça doit avoir l’air de la tristesse de loin. C’est curieux que le bruit rassure. Je ne sais pas si ce n’est pas un truc d’abrutis.

Je dirais qu’une écriture posthume, c’est tout sauf de l’abrutissement. Il faut croire que l’abrutissement est un abri.

Il faudrait que je fasse un effort pour


 Mister Magoo : Military Magoo
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28 août 2007 2 28 /08 /août /2007 04:05
  Il y a ce cœur qui bat. Qui se bat.

  Je ne me sens pas menacé.
 
  Il y a ce souffle, là, qui déploie le corps. Les poumons, la cage thoracique, les muscles, la peau. Et puis ce corps qui se lâche.

  Je veux dire, je ne ressens pas l’hostilité.

  Il y a le sang qui afflue partout, qui déferle et qui gorge le corps de sa chaleur.

  Je veux dire, il n’y a pas de quoi avoir peur. Pas tout le temps. J’ai les larmes aux yeux en l’écrivant.

  Il y a ces cellules qui se régénèrent, qui dégénèrent parfois même, qui deviennent folles de leur propre bouillonnement.

  Je veux dire, pas au point de ne plus vivre.

  Il y a ces craquements des os qui s’emboîtent, se chevauchent et se frottent.

  Pas au point de tout gâcher.

  Il y a ces sécrétions qui jaillissent, cette profusion du corps. Les larmes, la salive, la sueur, le sperme.

  Je veux dire, je crois, que je ne veux rien dire.
 
  Il y a ces sens en éveil, ce qui-vive incessant et cette capacité bouleversante de recevoir le monde.

  Je crois que je souris. Et je crois que c’est imperceptible.

  Il y ces tensions qui traversent le corps, ces flux électriques et chimiques, ces hormones, ces émotions, ces pensées, et qui le font traverser le monde.

  Peut-être quelque part dans le plissement des yeux.

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11 août 2007 6 11 /08 /août /2007 05:33
Il n’y a que ce qui est voué à paraître qui disparaît.

Arrêtez tout.

Je ne donne pas de conseil, je ne donne pas d’ordre, (ad)mettons que je donne du désordre.

Hamlet : - there's the respect That makes calamity of so long life.

Je n’avais pas compris que vivre, c’était être en deuil. En deuil de tout, y compris de sa propre mort.

Y compris de sa propre vie.

Ça ne doit pas être une raison pour se laisser abattre. De toutes façons, c’est la Raison qui abat, je veux dire qui nous mène à l’abattage.

Hamlet : - Thus conscience does make cowards of us all

Je ne dis pas qu’il faut aller à l’abattoir les yeux fermés non plus.

Je ne dis pas qu’on a qu’à chercher un peu de réconfort. N’importe quoi, un peu de réconfort. On ne fait pas une vie avec un peu de réconfort. Il faut déjà être complètement abattu pour n’avoir plus rien d’autre à faire que de chercher un peu de réconfort. Chercher un peu de réconfort, c’est s’abattre soi-même. Et puis merde le confort. C’est vraiment des trucs de bourgeois soumis.

Non mais quand même – STOP – arrêtez tout – STOP.

On dit « éclater » de rire.

Il n’y a que ce qui est voué à paraître, par exemple la raison, le Moi, la personne… le réconfort aussi tiens, qui disparaît, c’est-à-dire qui éclate, qui vole en éclat, de rire donc.
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