23 août 2007
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Bon je ne peux pas dire que je ne rencontre pas de résistance quand je dénonce la confusion qu’il y a à prendre
les images pour autre chose que ce qu’elles sont. Évidemment, j’ai conscience que je m’attaque à un truc rampant qui régule tout, enfin qui repère tout et ça ne semble pas concevable de ne plus
se repérer, on dirait. Il se trouve que les images, on ne les voit plus, tellement on est fabriqué par elles. Je ne dis pas que les images, c’est mal, il se trouve que l’être humain est doué de
la vue, je ne dis pas qu’il faut se faire aveugle, mais enfin de là à se trouver médusé par le regard…
Je vais prendre un exemple très simple, je vais prendre quelque chose qui se mange, n’importe quoi, mettons une pâtisserie, voilà : un fraisier. Bon, qu’est-ce que c’est la jouissance de manger un fraisier ? D’abord il y a la vue, la vue elle-même du fraisier, la vue c’est une jouissance bizarre parce qu’elle ne marche que par ses implications. On n’a pas de sensations avec la vue comme on a avec le toucher, la seule sensation qu’on peut avoir avec la vue, on la doit au réflexe pupillaire, lorsqu’on est ébloui par exemple et elle est géniale cette sensation, elle est comme toutes les sensations, elle protège l’intégrité de notre corps, parce que bon, une sensation, c’est fonctionnel, on n’a pas des sensations pour rien, en ayant mal quand je suis ébloui, je ferme les yeux, je les sauve de l’aveuglement. Bon, la vue du fraisier ne va pas me procurer de sensations autres qu’imaginaires donc, elle va plutôt m’annoncer les sensations à venir, puisque le fraisier, n’émettant pas de lumière n'est-ce pas, ne va pas m’éblouir. Est-ce que je peux parler de sensations imaginaires ? On verra plus loin. Ensuite, un fraisier ne fait pas de bruit, bon il y a des choses qui se mangent, qui font du bruit, mais pas le fraisier. L’ouïe, c’est comme la vue, on n’a mal si le bruit agresse le tympan, mais bon là dans cet exemple, on s’en fout. Après il y a l’odorat, bon l’odorat, c’est génial aussi, parce que dans l’ensemble les trucs qui puent sont des trucs toxiques ou pourris, mais bon je ne vais pas décrire tous les sens, je passe. Ca m’amuse beaucoup d’écrire ce texte parce que la fin me fait rire, je suppose que c’est un peu comme une blague. Bref, après c’est le goût, etc… Alors par rapport au fraisier, si c’est un bon fraisier, ça va être la subtilité du mélange entre la pellicule de chocolat, la crème, la pâte d’amandes, le pain de Gênes et le fruit, où chaque élément caresse un ensemble surprenant de papilles et c’est bien cette surprise de pouvoir concerner telle et telle autre papille d’une seule bouchée qui tient de la jouissance. L’amertume du chocolat qui craque sous les dents, la souplesse sèche de la génoise étouffant le palais, la douceur sucrée de la crème quand elle envahit la langue, le moelleux de la pâte d’amendes que les lèvres commencent déjà à faire fondre et la fraîcheur croquante de la fraise dont le retentissement parvient jusque dans la gorge viennent délicieusement, par leurs saveurs et leurs textures, solliciter toutes les régions de bouche. Il y a une jouissance de toute cette perception sensationnelle. Il y a aussi la jouissance de se nourrir, et avec le fraisier, elle est marrante cette jouissance, parce qu’on ne peut pas dire que le fraisier ne soit que nourrissant, il est déjà un peu trompeur quand même, il est là précisément où se situe l’humanité : à la limite entre le fonctionnel et le luxe, c’est-à-dire l’inutile, et le luxe, c'est éblouissant évidemment. Enfin, bref...
Eh bien imaginons que nous ne fassions que regarder ce fraisier, que nous ne puissions pas le manger, non, seulement le regarder. Voilà, là je suppose que c’est concret la jouissance maintenant.
Je vais prendre un exemple très simple, je vais prendre quelque chose qui se mange, n’importe quoi, mettons une pâtisserie, voilà : un fraisier. Bon, qu’est-ce que c’est la jouissance de manger un fraisier ? D’abord il y a la vue, la vue elle-même du fraisier, la vue c’est une jouissance bizarre parce qu’elle ne marche que par ses implications. On n’a pas de sensations avec la vue comme on a avec le toucher, la seule sensation qu’on peut avoir avec la vue, on la doit au réflexe pupillaire, lorsqu’on est ébloui par exemple et elle est géniale cette sensation, elle est comme toutes les sensations, elle protège l’intégrité de notre corps, parce que bon, une sensation, c’est fonctionnel, on n’a pas des sensations pour rien, en ayant mal quand je suis ébloui, je ferme les yeux, je les sauve de l’aveuglement. Bon, la vue du fraisier ne va pas me procurer de sensations autres qu’imaginaires donc, elle va plutôt m’annoncer les sensations à venir, puisque le fraisier, n’émettant pas de lumière n'est-ce pas, ne va pas m’éblouir. Est-ce que je peux parler de sensations imaginaires ? On verra plus loin. Ensuite, un fraisier ne fait pas de bruit, bon il y a des choses qui se mangent, qui font du bruit, mais pas le fraisier. L’ouïe, c’est comme la vue, on n’a mal si le bruit agresse le tympan, mais bon là dans cet exemple, on s’en fout. Après il y a l’odorat, bon l’odorat, c’est génial aussi, parce que dans l’ensemble les trucs qui puent sont des trucs toxiques ou pourris, mais bon je ne vais pas décrire tous les sens, je passe. Ca m’amuse beaucoup d’écrire ce texte parce que la fin me fait rire, je suppose que c’est un peu comme une blague. Bref, après c’est le goût, etc… Alors par rapport au fraisier, si c’est un bon fraisier, ça va être la subtilité du mélange entre la pellicule de chocolat, la crème, la pâte d’amandes, le pain de Gênes et le fruit, où chaque élément caresse un ensemble surprenant de papilles et c’est bien cette surprise de pouvoir concerner telle et telle autre papille d’une seule bouchée qui tient de la jouissance. L’amertume du chocolat qui craque sous les dents, la souplesse sèche de la génoise étouffant le palais, la douceur sucrée de la crème quand elle envahit la langue, le moelleux de la pâte d’amendes que les lèvres commencent déjà à faire fondre et la fraîcheur croquante de la fraise dont le retentissement parvient jusque dans la gorge viennent délicieusement, par leurs saveurs et leurs textures, solliciter toutes les régions de bouche. Il y a une jouissance de toute cette perception sensationnelle. Il y a aussi la jouissance de se nourrir, et avec le fraisier, elle est marrante cette jouissance, parce qu’on ne peut pas dire que le fraisier ne soit que nourrissant, il est déjà un peu trompeur quand même, il est là précisément où se situe l’humanité : à la limite entre le fonctionnel et le luxe, c’est-à-dire l’inutile, et le luxe, c'est éblouissant évidemment. Enfin, bref...
Eh bien imaginons que nous ne fassions que regarder ce fraisier, que nous ne puissions pas le manger, non, seulement le regarder. Voilà, là je suppose que c’est concret la jouissance maintenant.