A 16:19, en regardant ce documentaire sur Bruxelles où des dits "experts" de la Direction générale des affaires économiques et financières pensent les choses économiques comme relevant de règles élevées au niveau de lois physiques, comme la pesanteur, la gravitation, autre... dans un rêve industrieux et naïf d'efficacité, je m'étonnais qu'ils puissent ne pas voir les idéologies et les idéologèmes que ces lois présupposent et la nécessité démocratique de les discuter... non vraiment je ne me l'expliquais pas du tout...

A 5:12, en écoutant les députés de droite puiser avec une compulsion psittaciste dans le fatras rhétorique catholique contre la théorie qu'ils appellent de genre* au cours des débats concernant l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, j'étais pris comme d'un grincement de dents...

*cf cet article qui retrace cette appréhension catholique de la "théorie de genre"

A 03:32, en regardant le débat de la primaire républicaine en Floride, je me disais qu'après avoir vu à quel point le néo-libéralisme était une idéologie aveugle, quand Bush et Paulson ont refusé en 2008 de secourir la banque d'investissement Lehman Brothers, au nom de cette doctrine pseudo-darwinienne qui veut qu'on laisse se faire une sorte de "sélection naturelle" où les plus faibles et ceux qui prennent trop de risques faillissent, occasionnant cette perte de confiance inouïe et ces krachs à travers le monde, après ensuite les avoir vus se donner tort à eux-mêmes en se résignant à secourir banques et assurances et renflouer les marchés avec d'innombrables "plans de sauvetage", balayant ainsi les fondements mêmes de leur corpus idéologique et démontrant à quel point la chose privée à besoin encore et de toute façon d'un Etat fort en dernier recours, je m'amusais à voir que ces dits néo-libéraux continuaient de s'accrocher à leurs théories sans les avoir remis en cause ni déplacer d'un millimètre... (cf, à la 24e minute, l'adresse de Rick Santorum à Mitt Romney et Newt Gingrinch qui regrette qu'ils aient soutenu le plan de sauvetage, empêchant le "capitalisme destructif" -sic- de marcher)...

A 17:00, en lisant Braudel décrire les mécanismes des Bourses et des Marchés aux XVIIe et XVIIIe siècles, où "l'on ne se contente pas d'acheter et de vendre des actions en pariant sur la hausse ou sur la baisse, mais où des jeux savant vous permettent de spéculer sans même avoir d'argent ni d'actions dans les mains", restant "aux aguets de fluctuations d'un instant, celles qu'une vraie ou fausse nouvelle provoque aisément" (Civilisation matérielle, Economie et Capitalisme, Tome II, pp. 102-103), je me disais qu'il est saugrenu de s'en prendre aux Marchés ces temps-ci, dont l'activité court depuis des siècles et qui ont de toutes façons toujours su contourner les "interdictions gouvernementales" qui empêchent "d'acheter et de vendre du vent" en concevant d'autres astuces qui "favorisent les mêmes pratiques, sous d'autres formes" (Ibid., p. 110), avec ce goût curieux pour la régulation et l'ordre, qui tend à masquer l'impuissance du législateur, au moins à ses propres yeux, alors que le problème ne tient manifestement pas dans ces Marchés, mais dans le simple fait de condamner les pays européens à s'endetter auprès d'eux.

A 15:02, suite au blocage par les Feds américains du nom de domaine Megaupload.com, site tenus par des sortes de mafieux qui surfent sur le goût précieux pour la liberté des internautes pour s'engraisser, je me disais qu'il serait peut-être utile pour l'Europe de se doter d'une alternative aux entreprises américaines qui supervisent les registraires des noms de domaines, afin qu'il ne soit pas possible qu'un pays, les Etats-Unis, puisse bloquer l'accès à un site, quel qu'il soit, au monde entier...