A 19:07, en regardant ce débat sur les révolutions dites
arabes, je regrettais que le dispositif de cette émission ne permette pas à Hubert Vedrine de développer la thèse qu'il tient depuis quelques années et qui tente de contourner la
dimension disons "morale occidentale impérialiste" des droits humains pour penser le multilatéralisme et répondre à ces questions qui insistent qui veulent qu'on ne peut pas ne rien faire et
qu'on ne peut pas intervenir... Sur ces questions, dans son abécédaire, Deleuze imaginait une approche au cas par cas...
A 21:05, en regardant ces corps se frayer un chemin dans une danse qui leur est imposée et dont ils ne savent pas quoi faire tout à fait, je me disais que cette
approche que Mathilde Monnier a développée dans les chorégraphies suivantes, partir des qualités des danseurs plutôt que de les encombrer, avait décidément quelque chose de profondément
démocratique.
A 19:52, en écoutant ce "philosophe" poser le problème de l'écologie dans cette binarité productivisme vs ascétisme, je me disais que, malgré le danger dogmatique
qu'il y a dans l'écologie, dans n'importe quellle doctrine, à organiser les comportements et à dire le bien, qu'il arrive très bien à pointer çà et là, l'articulation de son problème le condamne
forcément à une impasse qui l'accable de questions qui ne se posent pas et lui fait manquer ce simple pas de côté qui lui permettrait de regarder en face un modèle productiviste désirant qui n'en
finit pas d'épuiser son délire.
Au moment du meurtre de Troy
Davis, je relisais cet extrait de la pétition signée par d'anciens gardiens et directeurs de prisons, ayant participé à des exécutions, demandant la clémence : "Nous savons d'expérience ce
que c'est de vivre avec des cauchemars. Personne n'a le droit de demander à un fonctionnaire d'assumer une vie entière de doute, et pour certains de nous, de honte et de culpabilité. Notre
système judiciaire doit-il causer tant de dommages sur tant de personnes quand il y a une alternative ?".
A 19:26, en lisant ceci : "si la mondialisation n’est en définitive pas autre chose que la dissolution des souverainetés par la marchéisation de tout, alors
démondialiser c’est repolitiser" ici et cela : ""Aussi
l’époque de la mondialisation pose-t-elle une authentique question de philosophie politique en nous sommant de penser à nouveaux frais les rapports de la souveraineté et de la nation (ou du
peuple). Et plus précisément en suggérant de renverser le rapport sous lequel les deux termes sont habituellement articulés" là, je me disais que, même si on peut discuter, Frédéric Lordon pointe la seule question que
cette crise, ces mécanismes financiers non démocratiques de rumeur et de loi du plus fort posent.
En regardant toutes ces polémiques éclater chaque lundi et tenir une semaine depuis plusieurs mois, depuis celle-là jusqu'à
celle-ci, je me rappelais cette période à la fin des années 90 où la chaîne TF1, courant après l'audience, avait dégradé son image au point de se lancer
dans ce qui a tout de même été appelé une "quête de sens", qui, même si le résultat ne m'avait pas frappé outre mesure, démontrait l'impasse de la tentation du racolage... à bon entendeur comme
on dit...
A 0:08, après avoir regardé avec une grande curiosité le montage subtile de cette résolution 1973 quant à l'opération en Lybie, qui prend soin de tenter de penser
dans une logique multilattérale et surtout dont le dessein ne consiste pas à prendre partie, mais à rééquilibrer les forces - conception qui pourrait offrir
une jurisprudence précieuse -, en voyant le multilattéralisme passé par profits et pertes comme ici, ou la confusion autour du cadre de cette résolution comme là, je me disais qu'il était
peut-être un peu trop subtile précisément...
A 14:03, en écoutant le directeur du CNC, sans doute pour défendre son budget auprès des pouvoirs publics, expliquer ici que pour faire du cinéma de
qualité, il faut des moyens, je me disais qu'il y avait quelque chose de révélateur à parler du cinéma comme d'une technique industrielle, équivalente à celle qui fabrique les tee-shirts H&M,
les chaises Ikea et les hamburgers McDonald, quand il est impossible de déterminer à l'avance les conditions d'émergence d'un film, ni ses moyens, ni par où il va passer, puisque qu'un créateur
invente forcément les conditions de création de ce qu'il crée tout autant que ce qu'il crée...
A 22:22, en regardant ces boucs partir à Azazel ici, là ou encore là, je me disais que ces polémiques, plutôt tardives, ne viendront jamais étouffer assez la honte de l'occident qui regarde un monde,
celui arabe, se soulever et se battre pour quelque chose dont ce dit occident ne sait pas quoi faire, néglige et ignore et qui s'appelle, par exemple, la démocratie.
En regardant Somewhere, je me disais que décidément le cinéma commence après que le spectateur a compris ce qu'il se passe sous ses yeux, après l'ennui et
autres inconvénients négligeables qui lui font attendre qu'il se passe autre chose, etc... après donc le spectacle utile, c'est-à-dire après que Sofia Coppola a coupé le moteur de ses
caméras.