2 octobre 2007
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ponomarev/mescheryakov : shower
Les choses et les trucs ont forcément une utilité. Il y a quelque chose comme un principe de nécessité suffisante qui veut que les gens, ils font ce qu’ils peuvent, ils ne font que ce qu’ils peuvent, même s’ils ne font pas tout ce qu’ils peuvent. Ça, c’est une éthique. Par exemple, les gens ne lisent pas la philosophie, c’est comme ça, dans l’ensemble, les gens ne lisent pas la philosophie, et ils ont raison ces gens, parce que ça ne leur sert à rien du tout la philosophie, ils ne vont pas perdre leur temps. Bon, en fait ils passent à côté de quelque chose d’immense, ils passent à côté d’outils qui marchent, mais ça ils ne le voient pas, évidemment, parce que les gens qui lisent la philosophie, eux, ils n’en font rien, ils ne s’en servent pas du tout, et même on peut dire que ça les assomme. Alors, les gens qui ne lisent pas la philosophie, ils ont raison, ils ne veulent pas être assommés. Ou alors ils trouvent d’autres trucs pour être assommés, des trucs qui marchent mieux pour eux. Peu importe, ce n’est pas grave, être assommé, si ça marche, c’est très bien. Quoi qu’il en soit, les gens, ils utilisent les choses ou les trucs en fonction de ce qui marchent pour eux. Je décris un rapport aux choses là, donc, je décris une appréhension à partir de cette histoire de puissance. Je l’étends aussi. Je peux dire pareil d’un système politique, ça tient tant que ça marche, il y a une révolution pour mettre en place un truc qui marche mieux quand l’ancien système ne marche plus, etc… L’idée, c’est que de toutes façons, si ça ne marche pas, on passe à autre chose, ça se fait tout seul.Alors, ça ne marche jamais vraiment, et ça ne marche jamais plus du tout. Ça c’est génial aussi. Ça fait qu’il y a encore des nobles, alors que la noblesse, ça ne marche plus depuis longtemps, ça fait qu’il y a toujours des croyants, des scientifiques, des amoureux, etc… Déjà, on voit tout ce que ça peut apporter. Poser son regard sur les choses et les gens sans chercher à les définir, c’est-à-dire à les mesurer à un idéal, par exemple une morale, mais simplement en se demandant comment ça marche, rien que ça, ça change tout un rapport, ça le libère d’un poids hallucinant, ça fait péter tellement de trucs. Maintenant, est-ce que c’est un idéal que ça marche ? Je repose la question autrement : à quoi ça sert que ça serve ? Alors là, il faut dire : à rien, ça ne sert à rien. C’est très important de le dire à ce moment-là, que ça serve, ça ne doit servir à rien. Ça ne peut pas être un but, on ne peut pas faire une échelle de valeurs avec ce qui marche mieux et ce qui marche moins bien, sinon on retombe dans les mêmes histoires que la morale, le bien et le mal, si ce n’est qu’on met le mot « marche » avant : « ça marche bien, ça marche mal », non, ce n’est pas possible. Que ça marche, ce n’est pas un but, ce n’est pas censé devoir marcher. Il se trouve que ça marche, c’est comme ça que ça se passe, ça marche. Ce n’est pas un truc vers lequel on tend, on n’aspire pas à marcher, on marche, on ne court pas après. Je vais le dire autrement pour ceux qui suivent mon travail : ce n’est pas une absence, c’est une présence, ce n’est pas un signe, c’est un signal, ce n’est pas inconscient, c’est aconscient. En d’autres termes, j’insiste, il faut aller jusqu’à concevoir que, que ça marche mal, ou que ça ne marche pas, c’est comme ça que ça marche pour des gens, et que si ça marche pour eux de ne pas marcher, c’est très bien.