31 juillet 2008
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Cela fait presque 18 mois que Barack Obama a déclaré sa candidature à l’investiture démocrate et donc autant de mois que l’on
guette avec une certaine curiosité impatiente le moindre signe d’un début de proposition concrète. Si certains mettaient sur le compte d’une stratégie de primaire le flou de ses discours, en
promettant une campagne présidentielle plus précise, voilà presque 2 mois que l’on constate que cette campagne est au moins aussi vague que la primaire qui l’a précédée. Les plus optimistes
attendent sans doute encore l’investiture officielle qui aura lieu à la fin août pour voir se dessiner un programme. Quoiqu’il en soit, il se trouve que jusque-là les envolées lyriques des bonnes
intentions gratuites ou fantasques de ses discours semblent plutôt l’avoir servi face à une Hillary Clinton rigoureuse, précise et opiniâtre qui paraît avoir ennuyé. Il est vrai que sa maîtrise
des dossiers, son expérience, ses réponses à tout, bref toutes ses innombrables qualités, ont fini par lui donner l’air d’une vendeuse de télé-achat sur le retour ; son Town-Hall la veille du
Super-Tuesday, terriblement mou, engoncé, débandant, n’en est peut-être même pas l’exemple le plus pathétique. Sans parler des sorties pour le moins maladroites de Bill Clinton, qui a réussi, non
pas à faire entendre sa dénonciation du vide des discours de Barack Obama, qu’il qualifiait de « fairy tale », mais à fatiguer les électeurs démocrates du retour du monstre « Billary ».
Mais enfin, un changement assez radical s’est effectué sous nos yeux ces dernières semaines, amorcé peu avant ses visites au Moyen-Orient et en Europe, qui lui ont permis de le préciser. D’abord, bien sûr, on aura remarqué avec amusement qu’il s’est mis à étudier les dossiers, qu’il semble venir petit à petit à bout, au prix sans doute d’un effort harassant, de son ignorance criarde de la politique internationale. Si l’inconsistance de son discours à Berlin semblait prouver qu’il ne savait pas lui-même ce qu’il faisait là, il aura été pour lui l’occasion de réciter ses connaissances fraîchement acquises de l’Histoire, de la Géographie, des Institutions, de la Diplomatie, de pays dont il ne soupçonnait qu’à peine l’existence jusque-là. Devant la profusion de détails sur le passé berlinois ou l’engagement européen aux côtés des États-Unis, on en oublierait presque les regards délicieusement vides et affolés d’un Obama bredouillant pour ne pas répondre à certaines questions des modérateurs des débats démocrates, assez peu insistants avec lui au demeurant. La gaffe qu’il avait faite en déclarant vouloir rencontrer même les dirigeants iraniens, que les Clinton prenaient comme une preuve de son inexpérience, semble terriblement lointaine. Mais il est un changement plus savoureux encore que l’on perçoit dans sa tribune au New York Times, puis dans son discours à Berlin et enfin au cours de son interview à Meet the press, au cours desquels Barack Obama s’est livré à un exercice habile de triangulation, élaboré par de très malins conseillers en marketing politique. Il ne se contente plus maintenant de rappeler sans cesse qu’il a toujours été contre la guerre en Irak, sans préciser qu’il en a pourtant voté les budgets en tant que sénateur, il prend une nouvelle posture presque va-t-en guerre en proposant de redéployer des troupes en Afghanistan et durcir ses positions envers le Pakistan. Il récupère ainsi le leitmotiv des républicains de la guerre contre le terrorisme et le retourne contre eux en soulignant leur incapacité à gagner les guerres qu’ils ont déclarées. Affirmer qu’il fera mieux qu’eux sur leur propre terrain, tout en renforçant sa position contre la guerre en Irak, jouer sur tous les tableaux, s’adresser tant aux démocrates pacifistes, qu’aux républicains réputés, les pauvres, belliqueux, au moment où la C.I.A. souligne les liens entre le Pakistan et Al Qaeda : la finesse de la stratégie est exquise. Et si la parade implique qu’il lui faille nourrir les terreurs irrationnelles du terrorisme qui empoisonnent, aveuglent et piègent les américains et l’occident à leur suite, qu’on était quelques uns à espérer dépassées par une nouvelle présidence américaine, son brio doit sûrement lui sembler irrésistible.
Si on attendait encore, non plus tant avec curiosité que déjà avec une certaine lassitude, un début de programme démocrate pour cette campagne américaine, il s’avère que c’est un positionnement marketing, talentueux et subtil, auquel on a droit. Qu’un candidat à une élection présidentielle ne mesure pas le piège qu’il tend à l’exercice de ses foncions à venir, rendues presque impossibles par la nature des votes qui l’auront élu, n’est décidément plus pour nous surprendre.
Mais enfin, un changement assez radical s’est effectué sous nos yeux ces dernières semaines, amorcé peu avant ses visites au Moyen-Orient et en Europe, qui lui ont permis de le préciser. D’abord, bien sûr, on aura remarqué avec amusement qu’il s’est mis à étudier les dossiers, qu’il semble venir petit à petit à bout, au prix sans doute d’un effort harassant, de son ignorance criarde de la politique internationale. Si l’inconsistance de son discours à Berlin semblait prouver qu’il ne savait pas lui-même ce qu’il faisait là, il aura été pour lui l’occasion de réciter ses connaissances fraîchement acquises de l’Histoire, de la Géographie, des Institutions, de la Diplomatie, de pays dont il ne soupçonnait qu’à peine l’existence jusque-là. Devant la profusion de détails sur le passé berlinois ou l’engagement européen aux côtés des États-Unis, on en oublierait presque les regards délicieusement vides et affolés d’un Obama bredouillant pour ne pas répondre à certaines questions des modérateurs des débats démocrates, assez peu insistants avec lui au demeurant. La gaffe qu’il avait faite en déclarant vouloir rencontrer même les dirigeants iraniens, que les Clinton prenaient comme une preuve de son inexpérience, semble terriblement lointaine. Mais il est un changement plus savoureux encore que l’on perçoit dans sa tribune au New York Times, puis dans son discours à Berlin et enfin au cours de son interview à Meet the press, au cours desquels Barack Obama s’est livré à un exercice habile de triangulation, élaboré par de très malins conseillers en marketing politique. Il ne se contente plus maintenant de rappeler sans cesse qu’il a toujours été contre la guerre en Irak, sans préciser qu’il en a pourtant voté les budgets en tant que sénateur, il prend une nouvelle posture presque va-t-en guerre en proposant de redéployer des troupes en Afghanistan et durcir ses positions envers le Pakistan. Il récupère ainsi le leitmotiv des républicains de la guerre contre le terrorisme et le retourne contre eux en soulignant leur incapacité à gagner les guerres qu’ils ont déclarées. Affirmer qu’il fera mieux qu’eux sur leur propre terrain, tout en renforçant sa position contre la guerre en Irak, jouer sur tous les tableaux, s’adresser tant aux démocrates pacifistes, qu’aux républicains réputés, les pauvres, belliqueux, au moment où la C.I.A. souligne les liens entre le Pakistan et Al Qaeda : la finesse de la stratégie est exquise. Et si la parade implique qu’il lui faille nourrir les terreurs irrationnelles du terrorisme qui empoisonnent, aveuglent et piègent les américains et l’occident à leur suite, qu’on était quelques uns à espérer dépassées par une nouvelle présidence américaine, son brio doit sûrement lui sembler irrésistible.
Si on attendait encore, non plus tant avec curiosité que déjà avec une certaine lassitude, un début de programme démocrate pour cette campagne américaine, il s’avère que c’est un positionnement marketing, talentueux et subtil, auquel on a droit. Qu’un candidat à une élection présidentielle ne mesure pas le piège qu’il tend à l’exercice de ses foncions à venir, rendues presque impossibles par la nature des votes qui l’auront élu, n’est décidément plus pour nous surprendre.