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12 juin 2007 2 12 /06 /juin /2007 20:58
  C’était trop tentant pour que je résiste, jouer au jeu du bac philo, j’ai fait comme tout le monde, comme cette charmante jeune femme en vidéo, qui est auteure je crois, je n’ai pas pu m’en empêcher…
  Evidemment, j’ai voulu répondre à tous les sujets en même temps, et puis j’ai laissé celui sur le travail de côté, même si une réflexion sur le statut social de l’individu eut été bienvenue dans l’articulation de mon argumentaire. Je ne traite donc que des deux premiers...
   J’ai pensé à m’appuyer sur les travaux de Lacan, bien sûr, mais décidément, je ne suis pas universitaire, c’est une façon de s'exprimer et de penser, et donc de ne pas s'exprimer et de ne pas penser, que je n’ai pas envie d'avoir. Je vous invite donc à la lecture précieuse du tome sur la relation d’objet du Séminaire…
  Et puis, comme je n’ai plus 18 ans depuis un moment, j’ai le luxe de n’avoir rien à prouver à personne, alors…
  A ce propos, puisqu’on parle d’examen, et de respecter ou non les règles, j’ai en tête cette phrase : « L’examen combine les techniques de la hiérarchie qui surveille et celles de la sanction qui normalise » (M. Foucault, Surveiller et Punir)
  Je vous renvoie aussi en lien aux propositions d’universitaires justement, pour chaque sujet, certainement bien plus pertinentes que la mienne.


Les sujets, donc :
«Le désir peut-il se satisfaire de la réalité ? »
«Toute prise de conscience est-elle libératrice ?»
«Que gagnons-nous à travailler ?»



  Le désir, ce n’est pas la réalité, c’est même tout sauf la réalité, ou plutôt la réalité est tout sauf le désir. Dans la réalité, j’ai des besoins, je les assouvis et je meurs. Précisément, je tends à assouvir mes besoins pour me maintenir en vie jusqu’à ce que je meurs de les avoir assouvis, parce qu’au moment où je jouis, ma vie individuelle disparaît dans la reproduction et la survie de l’espèce. La réalité, c’est la mort d’un individu et la survie d’une espèce. Le désir, c’est tout le contraire, c’est la vie entière d’un individu, tout le sens après lequel il court pour échapper à la mort et justifier le leurre que sa vie individuelle est nécessaire à la survie de l’espèce pour en retarder l’échéance.

  Le désir se manifeste donc dans cette marge individuelle pour la maintenir et lui donner un sens qu’elle n’a pas dans la réalité : parce qu’il y a un individu qui ne se résigne pas à mourir, qui ne se résigne pas à ne compter pour rien, il y a désir et parce qu’il y a désir, il y a un individu. L’individualité s’élabore en résistance à la réalité, en manquant la réalité par le désir.

  Je désire forcément ce dont je manque et je manque ce que je désire, parce que désirer, c’est manquer, faire défaut et rater. Dès lors, le désir tourne à vide et s’épuise à donner un sens illusoire et imaginaire à l’individualité en devenant le lieu d’émergence du sens et du langage. Encore une fois, j’ai besoin de croire que ma vie individuelle a un sens, n’importe lequel pourvu qu’il me maintienne dans l’illusion qu’elle est nécessaire à la survie de l’espèce. Le désir, ce n’est jamais qu’une question de croyance.

  Le langage participe donc à la résistance à la réalité en s’enchevêtrant avec le désir. D’abord, je parle pour exprimer mon manque, pour désigner ce dont je manque, ce qui n’est pas là, sinon je ne parlerais pas, je le montrerais, et je n’en manquerais pas. Le langage n’est jamais que l’expression du désir, ou même la fabrication du désir, c’est-à-dire qu’il émerge à échelle individuelle, en marge de l’espèce. Ce n’est pas parce que des peuples entiers parlent la même langue, que même je parle la langue de peuples entiers, que le langage est affaire d’espèce, au contraire, chaque parole est un espoir individuel tragique de se faire entendre et de compter pour l’espèce. Ce que je raconte ici en constitue un exemple.

  Ensuite, ce que je crois être une prise de conscience n’est en fait qu’un sens individuel que je donne à quelque chose, faisant tomber tout le reste dans l’inconscient. Je cours après mon inconscient, comme mon désir court après mon manque, plus je prends conscience, plus j’alimente mon inconscient, me maintenant dans une illusion qui tourne à vide. Et surtout plus je fabrique du sens, plus je prends conscience à échelle individuelle, plus j’enterre ma mort au regard de l’espèce dans l’inconscient, que je couvre par ma parole. Prendre conscience, ce n’est pas se libérer, mais s’acharner à rester dans une illusion qui se nourrit d’elle-même.

  Je suis animé par un désir de rester en vie, en marge de l’espèce, à échelle individuelle et le langage que je fabrique à partir de mon individualité me maintient en vie en me permettant de ne pas prendre conscience de la survie de l’espèce. Je désire et je parle, parce que j’ai une existence individuelle dont il faut bien que je fasse quelque chose une fois que la survie de l’espèce est assurée. Seulement voilà, ce dont je n’ai pas conscience, qui est plus important que tout, c’est de la liberté infinie dont je dispose à échelle individuelle, précisément parce que la survie de l’espèce est assurée : dès lors que je prends conscience que je ne compte pour rien, je peux tout. En d’autres termes dès lors que je meurs, je peux enfin vivre…


   Par ailleurs, pendant que j'y pense, 10 millions de chinois se sont présentés, il y a quelques jours, à l’examen d’admission à l’Université, soutenus par des parents inquiets, dont quelques uns ont même réussi à faire changer le plan de vol d’un avion pour que le bruit ne perturbe pas l’oral d’anglais du centre d’examen qu’il devait survoler, si, si : la preuve...

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commentaires

D
elle est très belle toute la phrase avec ce passage dedans : "chaque parole est un espoir individuel tragique de se faire entendre et de compter pour l’espèce."
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M
et maintenant, on met une note ? Non je ne jouerais pas à l'école de la fan !!! ;-)
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